Une grande progression vers l’élimination de la lèpre aux Comores

K.S, 15 ans, dépisté en 2017, il va beaucoup mieux aujourd'hui
Ben Charafaine
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Une grande progression vers l’élimination de la lèpre aux Comores

Mutsamudu, le 16 août 2022 – à 6 kilomètres du sud de la capitale de l’île d’Anjouan, aux environs de 8H30, notre délégation conduite par la direction de lutte contre la maladie et le coordonnateur nationale de lutte contre la lèpre arrive dans le village Mjamandra. Il s’agit d’une mission conjointe d’évaluation des activités de lutte contre la lèpre menée dans l’île regroupant le ministère et les partenaires de lutte contre la lèpre. L’OMS est représentée dans cette mission par le Docteur Barogui Mahoutondji Yves, Point-focal Lèpre au niveau du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, du Docteur Ghislain E. Sopoh qui est un consultant international de l’OMS et du Docteur Nassuri Ahamada qui est en charge de la lutte contre les maladies tropicales négligées auprès du bureau pays de l’OMS. Il y a aussi les représentants de l’ONG Action Damien, l’Alliance mondiale de lutte contre la lèpre et les responsables de la prise en charge et du suivi des malades de la lèpre.

Mdjimandra est l’une des localités ayant enregistré le taux le plus important de détection depuis plusieurs années, surtout en 2017. Sur les petites ruelles du quartier, on sent l’odeur des clous de girofles, une des richesses de l’ile. « C’est la saison pour la récolte du girofle, ici c’est compliqué de trouver les habitants dans leurs domiciles surtout le matin », nous prévient l’agent de santé communautaire. Mais heureusement, il avait déjà informé les familles concernées de la visite de la mission du ministère et des partenaires. Nous arrivons devant une première maison, où nous sommes bien accueillis par un homme âgé, tout ravi de nous recevoir. Sa femme et deux jeunes filles ainsi qu’un jeune garçon sont également présents. Ils nous attendaient. Dr Zahara Salim est très populaire aux Comores, elle est la dermatologue qui s’occupe des malades de la lèpre à Anjouan et souvent sollicitée sur l’autre île, Mohéli. Elle reconnaît le jeune garçon. « Il s’appelle K.S, il a 15 ans aujourd’hui, je l’ai consulté pour la première fois en 2017, et depuis, il prend son traitement et nous le suivons régulièrement ». Les collègues de la mission se sont entretenus avec le jeune K.S et ils ont constaté que les tâches ont quasiment disparu. « En effet, le traitement a bien fonctionné et il va mieux », constate Dr Barogui de l’OMS. Son père nous explique que son enfant a toujours reçu l’attention des médecins du CHRI de Hombo depuis qu’il a été déclaré positif à la lèpre, « il a respecté le traitement qui lui a été recommandé », a-t-il rassuré.

Nous nous sommes ensuite dirigés vers un autre quartier du même village pour rencontrer une femme qui est elle aussi suivie par l’équipe de Dr Zahara Salim. Même constat, les tâches ont disparut chez cette jeune mère qui reçoit son traitement depuis 2017. « C’est mon père qui était le premier à avoir la maladie, j’ai été dépistée tôt et j’ai été bien prise en charge », affirme-t-elle. Malgré les améliorations, elle continue à surveiller sa santé d’après ses propos.

A 15 mètres de là, nous rencontrons I.C, 21 ans. Il est bijoutier. « Je travaillais à Moroni, je gagnais bien ma vie et je pouvais aider ma mère et ma famille », nous aborde-t-il. « Jusqu’en 2017, j’ai constaté des tâches bizarres sur mon dos, j’ai décidé de rentrer à Anjouan pour consulter un médecin ». I.C connaissait l’existence d’une dermatologue au CHRI de Hombo. « Je savais que la meilleure personne qui aurait des réponses et peut-être un remède pour moi se trouvait sur mon île », nous raconte le jeune bijoutier qui précise qu’il ne connaissait pas encore l’existence de la lèpre. Après la confirmation de son diagnostic, I.C est pris en charge par le service de lutte contre la lèpre. Il respecte le traitement qui lui est recommandé par les spécialistes. « Nous avons constaté une grande amélioration de son état de santé, les tâches se sont peu à peu retirées », nous dit sa mère en nous montrant le dos de son fils. Ce dernier se demande encore comment a-t-il eu la maladie. L’occasion pour les professionnels de l’OMS de lui donner les conseils pour rester en bonne santé et ne plus contracter la lèpre.

L’OMS travaille de manière concertée avec les responsables du ministère de la santé pour identifier les voies et les moyens qui nous amèneront à l’amélioration des conditions de vie de la population. Les évaluations font partie des outils qui permettent d’apprécier le chemin parcouru, identifier les obstacles et formuler des recommandations pratiques pour apporter des solutions aux défis.  

« La stratégie permettant de mettre un terme à cette maladie, c’est tout d’abord la recherche des cas afin de les traiter. Ainsi, nous voulons voir un peu la manière d’intégrer un programme d’hygiène et d’assainissement tout en tenant compte des problèmes de la malnutrition, lesquels contribuent également à la propagation », indique le Dr Nassuri Ahamada. Le directeur général de la maladie, Dr Naouirou M’hadji, a fait savoir, pour sa part, que cette mission est l'occasion pour le ministère de la Santé de « connaître les avis des experts sur la performance du programme lèpre et la cohérence de la mise en œuvre du projet financé par les Fonds Sasakawa Health Fondation à travers l’OMS et le projet People».

Pour rappel, l’Union des Comores a bénéficié des fonds SHF pour intensifier les interventions à travers l’organisation de la maxi campagne d’élimination de la lèpre en 2019 suivie des activités de mini-campagnes ciblées en 2020, 2021 et 2022 au niveau des îles de Ndzuani et Mwali. A noter que les objectifs de cette mission conjointe sont d’évaluer l’état de mise en œuvre des activités planifiées, d’apprécier les résultats obtenus, d’identifier les leçons apprises pendant la mise en œuvre des projets, et de formuler des recommandations aux pays, partenaires et à l’OMS.

L'agent communautaire et le Docteur Barogui Mahoutondji Yves, Point-focal Lèpre au niveau du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique
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Dr Zahara Salim et les autres membres de la mission conjointe
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K.S, 15 ans, dépisté en 2017, il va beaucoup mieux aujourd'hui
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